Génie industriel - Rubrique Formation - 2022

GIEM 2019 : des étudiants de 1A écrivent sur le métier d'ingénieur et l'industrialisation

Comme chaque année, suite à un échange de plusieurs heures avec des industriels, les étudiants de 1A ont écrit dans le cadre du séminaire "Génie Industriel Expériences et Méthodes" (ou GIEM) un article sur le métier d'ingénieur et l'industrialisation. Petit aperçu de l'exercice.

Tout au long du mois de septembre 2019, les élèves ingénieurs de première année de Grenoble INP - Génie industriel ont participé au GIEM : comme un rituel à l’école, ce temps d’introduction au génie industriel a pour objectif de rompre avec les enseignements théoriques tout en faisant découvrir aux nouveaux arrivants la notion de projet en génie industriel. Le "séminaire des industriels", l’un des temps forts de ce tout premier mois d'immersion dans l'école, permet à toute la promo des 1A d'échanger pendant plusieurs heures avec des industriels. Cette année, cinq industriels étaient présents pour parler de leur métier et de leur parcours professionnel. A l’issue de ce temps de partage, les élèves répartis en groupes de travail avaient pour mission de rédiger un article. Voici l'un d’entre eux.


Séminaire des industriels à Grenoble INP - Génie industriel : ingénieur et industrialisation


Durant le mois de septembre, les élèves ingénieurs de Grenoble INP - Génie industriel se sont vus proposer un séminaire d'introduction au génie industriel. Ce projet a pour objectif de rompre avec les enseignements théoriques suivis jusqu'alors, tout en leur faisant découvrir la notion de projet et les connaissances de base en génie industriel. Répartis en plusieurs groupes, les élèves devaient traiter un sujet en particulier parmi la logistique, les systèmes d'information, les big data, le lean manufacturing et l'industrialisation, thème attribué à notre groupe. Afin de favoriser notre découverte et d'obtenir des réponses encore plus pertinentes, l'école a organisé un séminaire des industriels. Le lundi 23 septembre, cinq ingénieurs de grandes entreprises de la région nous ont rendu visite pour présenter leur parcours et répondre à nos questions. Nous avons ainsi pu discuter avec (de gauche à droite sur la photo) :
gg
  • Emmanuel Botet, Facility Manager et Lean leader chez Caterpillar
  • Victor Gauthier, Product Manager pour Siemens
  • Marc Wecker, Architecte d'entreprise chez LafargeHolcim
  • Christophe Boulas, Imaging Application & Engineering Director pour l'entreprise STMicroelectronics
  • Apolline Renié, Sales and Operation Planning chez Solvay



Le métier d'ingénieur


Il a tout d'abord été question de présenter aux élèves le métier d'ingénieur. Chaque intervenant a apporté sa définition grâce à son expérience, ce qui a permis aux élèves de se faire une idée complète du métier. L'ingénieur cherche, innove, collecte des informations et transmet aux autres ces dernières en les rendant compréhensibles pour tous. Il facilite les prises de décisions et prend en compte chaque avis, tout en s'assurant que ses décisions s'intègrent dans le long terme de l'entreprise. D'après Christophe Boulas, l'ingénieur doit aller sur le terrain (dans les usines) pour être plus efficace et pouvoir correctement concevoir une machine à partir de ses observations.

"Tout seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin" - Christophe Boulas (STMicroelectronics)

Un des rôles majeurs de l'ingénieur est de gérer une équipe. En effet, il est nécessaire d'impliquer les bonnes personnes et de rendre les informations compréhensibles afin de prendre des décisions qui s'intègreront à long terme dans l'entreprise. Le travail d'équipe est primordial, l'ingénieur ne peut pas travailler seul. Pour Christophe Boulas de STMicroelectronics "tout seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin". L'ingénieur pilote par ailleurs différents projets et dispose ainsi d'un rôle important en communication.

Ceci implique également une intégration des aspects multiculturels, aider les spécialistes à décrypter leur propre message, gérer les conflits et être capable de négocier. Les besoins de l'entreprise évoluent et il faut les comprendre et faciliter la prise de décision en proposant des solutions innovantes. En cas de changement nécessaire dans l'entreprise (nouveau logiciel, nouvelle méthode de travail...), il peut également y avoir des résistances, d'où la nécessité que l'ingénieur explique avec clarté aux opérateurs, aux supérieurs et aux autres ingénieurs la raison du changement.

"Le bon sens est quelque chose d'essentiel" - Mark Wecker (LafargeHolcim)

En tant qu'ingénieur, il faut également utiliser ses capacités d'observations (se mettre à la place de l'utilisateur), avoir une vision claire de l'avenir et savoir se projeter (comment les métiers de demain vont évoluer). De plus, d'après Mark Wecker de LafargeHolcim "le bon sens est quelque chose d'essentiel" dans ce métier. Il ajoute également que "c'est probablement une des choses les moins répandues dans l'humanité". Il faut ainsi savoir prendre du recul pour avoir une vision globale des problèmes. Selon Christophe Boulas (StMicroelectronics) et Apolline Renié (Solvay) l'ingénieur doit toujours être curieux. Apolline Renié ajoute également qu'il est nécessaire de travailler son réseau professionnel et d'aimer apprendre. Les intervenants ont par ailleurs sensibilisé les élèves sur la qualité du produit nécessaire pour que la production soit viable. Finalement, l'ingénieur doit faire preuve de bon sens, être curieux, honnête et avoir une vision de l'avenir pour anticiper les besoins de l'entreprise.

La question de l'éthique est aussi primordiale. Marc Wecker défend l'idée que l'erreur est humaine et qu'il ne faut surtout pas la censurer. Les employés doivent ainsi être capables d'assumer leurs erreurs sans être sanctionnés trop durement, au risque que l'erreur suivante ne soit pas rapportée entraînant ainsi d'autres conséquences négatives. Pour conclure, Emmanuel Botet de Caterpillar a évoqué l'importance des 4P (Plaisir, Perspectives, Pouvoir, Pognon) dans son choix du poste idéal. Apolline Renié a également ajouté que notre futur emploi dans 10 ans n'existe probablement pas encore et qu'il sera adapté aux nouveaux besoins des entreprises.
 

L'avis des industriels sur l'industrialisation


Les compétences indispensables à l'ingénieur sont d'autant plus importantes dans un processus d'industrialisation. Les démarches d'industrialisation et d'amélioration continue l'obligent à observer les modes de consommation actuels pour anticiper les besoins du futur. Il doit alors communiquer avec les clients pour comprendre leurs besoins, mais aussi au sein même de l'entreprise afin de comprendre et résumer les attentes de chaque service. La communication à grande échelle est aussi très importante notamment pour les entreprises multinationales (comme l'entreprise STMicroelectronics qui s'est industrialisée en Chine). L'ingénieur va ensuite comparer ses attentes avec la stratégie de l'entreprise pour confirmer leur faisabilité et leur importance sur le long terme.

Les ingénieurs doivent faire avec les contraintes imposées par les clients, mais aussi les difficultés vis-à-vis des sous-traitants. Par exemple, l'entreprise Caterpillar est limitée au niveau de la taille de ses engins car les pneus produits par Michelin ne peuvent dépasser une certaine taille. Il y a également des contraintes liées au produit vendu, comme chez LafargeHolcim où le béton doit impérativement être livré dans l'heure suivant sa production. Pour résoudre cette problématique, l'entreprise optimise le transport afin de s'adapter au temps de cycle de chaque produit.

Pour tenter de réduire les coûts sans modifier la qualité ou les délais, certaines entreprises ont décidé de centraliser certains services. La centralisation permet d'avoir une vue d'ensemble de l'entreprise et de prendre de recul sur les décisions à prendre. Les ingénieurs peuvent industrialiser des processus auxquels ils n'auraient pas pensé, comme les systèmes d'information. A l'échelle internationale, les sanctions peuvent être optimisées car elles sont répétées un grand nombre de fois ; à l'échelle d'un seul site, il n'y a aucun intérêt à les informatiser. C'est ainsi que de nombreux grands groupes sont très centralisés. La centralisation peut également être utilisée lorsque l'entreprise est en mauvaise santé.

Mais faut-il vraiment centraliser ? Pour que cela fonctionne, il faut déjà qu'il y ait des points de convergence entre les services. La centralisation implique néanmoins d'autres contraintes telles que la perte de proximité avec le business et la production locale. STMicroelectronics a par exemple décidé d'industrialiser ses produits sur les lieux de production correspondants. Lorsqu'une entreprise doit s'industrialiser à l'étranger, elle peut faire le choix de la centralisation pour faciliter la communication entre les différentes instances et pour produire plus facilement à grande échelle. Cependant, la centralisation n'est pas bénéfique pour toutes les entreprises et il faut donc se poser la question de sa valeur.

Tout au long de ce séminaire, les échanges entre les industriels et les élèves furent très intéressants. Cette rencontre a été enrichissante pour les élèves qui ont pu à la fois avoir des exemples concrets de carrières d'ingénieurs et des conseils tant pour leur futur métier que pour la préparation de la soutenance du projet d'entrée en école d'ingénieur.
Les étudiants des groupes A2 et D1

Contacts GIEM
Iragael Joly, enseignant-chercheur, Grenoble INP - Génie industriel
Margaux Nattaf, enseignant-chercheur, Grenoble INP - Génie industriel