Génie industriel - Rubrique Recherche - 2022

Thèse Hélène Personnier

La conception collaborative avec les fournisseurs dans les projets de développement de nouveau produit est reconnue comme un facteur clef de compétitivité dans de nombreux secteurs d’activité. Toutefois, la mise en œuvre d’une collaboration mutuellement réussie et bénéfique pour les deux partenaires nécessite une démarche d’intégration structurée et partagée.
Thèse d’Hélène PERSONNIER réalisée au laboratoire G-SCOP en collaboration avec l’entreprise SOMFY et l’Université de Twente (Pays-bas).

Pour aider les entreprises à mettre en place une telle démarche, nous avons adopté une approche en creux. Nous avons cherché à étudier les dysfonctionnements liés à la pratique d’intégration des fournisseurs en conception lors du développement de nouveau produit afin de développer un outil de gestion capable de les éviter a priori et donc de rendre ces co-développements plus efficaces et générateurs de gains.
Hélène Personnier a réalisé son travail de thèse en collaboration avec l’entreprise SOMFY et l’Université de Twente.

Ce travail de thèse a été encadré par Yannick Frein (Professeur à Grenoble INP Génie Industriel - CNU 61, Directeur du laboratoire G-SCOP), Marie-Anne LE DAIN (Maitre de conférences en mécanique à Grenoble INP Génie Industriel - CNU 60, laboratoire G-SCOP) et Richard Calvi (Professeur en sciences de gestion à l’IAE de Savoie Mont-Blanc - CNU 06, laboratoire IREGE).

Les principaux objectifs de la thèse ont été :
  • Identifier les dysfonctionnements potentiels liés à la pratique du co-développement puis de les caractériser à la fois selon leur nature et selon leur impact sur la performance projet
  • Développer un outil d’analyse préliminaire de risques pour aider les entreprises clientes à mener des projets de co-développement en évitant un maximum les dysfonctionnements inhérents à cette pratique
Les phases d’identification des dysfonctionnements et de développement de l’outil d’analyse préliminaire de risques proposé ont été menées en collaboration étroite avec le partenaire industriel SOMFY dans un mode de recherche participation. Hélène a été régulièrement sur le terrain et a pu suivre tout au long de sa thèse trois projets de co-développement. Hélène a pu ainsi capter des données empiriques, tester ses propositions d’évaluation de la criticité des dysfonctionnements avec les équipes projet et les fournisseurs, et appliquer en situation réelle l’outil d’analyse de risques.
 
Hélène, pourrais-tu nous dire ce que ces 3 années de thèse t’ont apporté ?

" Cette thèse a été une aventure extrêmement riche sur plusieurs niveaux. D'abord au niveau de la diversité des domaines approchés avec la découverte de la recherche via la rédaction d'articles, la réflexion approfondie sur des sujets, la prise de recul, le développement de connaissances mais aussi l'interaction avec les industriels pour confronter les résultats de la recherche au terrain. Sortant d'une formation d'ingénieur, j'avais peur de m'éloigner de l'industrie en faisant une thèse mais mon sujet comportait une réelle interaction avec les entreprises demandeuses de ce genre de réflexions poussées, de prises de recul qu'elles n'ont pas toujours le temps de mener en interne. SOMFY a accepté de jouer le jeu et m'a ouvert ses portes. J'ai également pu aller interroger des acteurs des achats et du développement de 9 autres entreprises de secteurs variés. Cela m'a permis d'abord d'enrichir ma recherche mais aussi d'un point de vue personnel de mieux appréhender quel type d'entreprise ou de métier me correspondait. Après ma thèse j'ai eu une opportunité pour travailler dans une des entreprises mobilisées au cours de ma thèse. Cette thèse a été un véritable tremplin et une révélation de ce que j'avais réellement envie de faire par la suite : travailler dans les achats.
Le côté international est également très intéressant dans un travail de thèse. Tous d'abord via les conférences. J'ai en effet eu l'opportunité d'aller présenter mes travaux dans plusieurs conférences internationales ce qui m'a permis de les confronter à la communauté scientifique parfois même à l'autre bout du monde ! C'est extrêmement enrichissant. Grâce à une bourse de la région Rhône Alpes je suis également allée passer 6 mois aux Pays Bas à l'Université de Twente pour travailler avec une équipe de chercheurs sur place et apporter un autre angle d'approche à mon travail. J'ai participé aussi en première année à une université d'été, deux semaines à 2 mois d'intervalle parmi un groupe de 20 doctorants à suivre les cours et les ateliers de travail dispensés par trois chercheurs renommés en engineering design.

Bref, vous l'aurez compris, la thèse est une spirale infernale qui vous entraîne à travers le monde et vous donne des atouts indéniables pour booster sa carrière que ce soit académique ou en industrie. On en ressort avec une force de réflexion, de prise de recul et de proposition très appréciées."


Hélène a été diplômée en 2010 comme ingénieur en Ingénierie de Supply Chain de Grenoble INP- Génie industriel. Elle a souhaité en parallèle de sa 3ième année d’ingénieur faire un parcours recherche de master 2 Men Génie Industriel à Grenoble INP. Elle a réalisé son stage de master au sein de l’entreprise SOMFY. Son stage avait pour objet d’analyser a posteriori les dysfonctionnements survenus avec un fournisseur de SOMFY dans le cadre d’un projet de développement d’une nouvelle motorisation de volant roulant. C’est en menant cette étude exploratoire, qu’elle a décidé de poursuivre ce travail dans le cadre d’une thèse.

 
A la fin de sa thèse, Hélène a été embauché immédiatement par SOMFY. En plus de son métier d’acheteur, elle est en charge de déployer l’outil développé pendant sa thèse au sien des équipes projet de SOMFY. Cette entreprise avait repéré en Hélène un haut potentiel dès son stage de master et souhaitait qu’elle acquière une formation par la recherche avant de l’embaucher.