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Naissance de l'ENSGI: l'expérimentation grenobloise d'une politique nationale

Dès les années 70, les actions de décentralisation en matière de recherche et d'enseignement supérieur trouvent un terrain expérimental à Grenoble. François Juillet, chargé de mission, revient sur les conditions de la réussite
En 1972, Rhône-Alpes, première région de France en matière de recherche publique et privée, d'enseignement supérieur de potentiel industriel, après la région parisienne, fut considérée par le gouvernement comme la plus crédible pour être région expérimentale pour la décentralisation de ces domaines comme prévu par le VIe Plan.
Placé auprès du Préfet de la Région, je fus chargé avec son accord par Messieurs Aigrain, Curien et Grégory de cette mission. Des actions de décentralisation, de développement de la recherche, d'ouverte, de décloisonnement, de transfert de technologies furent développées. Parallèlement à cette politique, dès le début fut mis en place un comité de recherche et développement de 25 personnes (chercheurs, enseignants, systèmes productifs, société civile) chargé de réfléchir au développement de cette décentralisation, de proposer des actions, de les initier sans se substituer aux décideurs, de négocier leur mise en place avec l'Etat, les collectivités locales et les industriels, de renforcer les liaisons entre le milieu productif et la recherche publique et privée.
C'est ainsi qu'au cours des VIe et VIIe Plans, fut proposée par le CRO, via la région de repenser la formation des ingénieurs à titre expérimental pour mieux répondre aux demandes de l'industrie en pleine mutation en intégrant dans le cursus certains domaines des SHS (sociologie, économie, gestion des hommes et des moyens) par l'introduction de la multidisciplinarité. Par souci d'efficacité, a été créé un groupe de réflexion (Georges Lespinard de l'INPG, Jean Vaujany, PDG de Merlin Gerin et Président de la Fondation Scientifique de Lyon et du Sud Est, Bernard Pouyet de l'UPMF, des industriels, HP et Renault notamment, et moi-même chargé de proposer des solutions ? Après un an de travail et de consultations, il est suggéré de créer une école de génie industriel en s'appuyant sur l'INPG et l'UPMF et leurs moyens, chaque établissement fournissant dans ses domaines de compétence des professeurs, et l'INPG, après sa restructuration en cours, des locaux sur son site Viallet. Un club d'industriels (HP, Renault, Merlin Gerin, La Lyonnaise de Banque, Bull) soutient et participe à la création de cette nouvelle école qui reçu en outre le soutien du Recteur A. Frémont. Cette école est gérée par un CA comprenant des membres des deux établissements d'enseignement supérieur, tous les membres du Club des industriels et Jean Vaujany en fut le premier Président, je pris sa suite en octobre 1991 (jusqu'en novembre 1994) quand la maladie l'obligea à quitter sa charge. Quant au directeur, le premier fut Gérard Cognet, membre fondateur. L'ENSGI fut le 1er établissement à financement public-privé et co-géré par 2 établissements d'enseignement supérieur et un groupe d'industriels. D'établissement expérimental, la réussite est totale et ouvre la voie à des opérations similaires.