En quoi consiste cette expédition ?
Louis : Nous sommes partis au Svalbard pendant trois semaines en expédition pour une mission scientifique sur l'évolution climatique dans cette région. Nous étions trois, il y avait avec nous Antonin un élève en troisième année à Télécom Paris.
Pierre : Cette expédition nous a aussi permis de mettre en pratique nos acquis, de la gestion de projet à la conception de produit.
Pourquoi avez-vous décidé de faire cette expédition au Spitzberg ?
Louis : « Cette idée m'est venue grâce à mon père. Il avait déjà fait cette expédition il y a 30 ans. C'est comme si je prenais son relais. Bien entendu, une des principales motivations était le projet scientifique sur l'évolution climatique »
Pierre : « C'est Louis qui m'en a parlé, et j'étais tout de suite partant. J'ai toujours eu ce goût pour l'aventure, cette envie d'évasion. Il ne faut pas oublier que cette expédition est un peu comme un aboutissement pour tous les fans de montagnes, neige et randonnées. »
Comment vous êtes-vous organisés avant de partir ?
Pierre : « C'est impressionnant la charge de travail que l'on avait en amont. Nous devions contacter beaucoup de personnes différentes pour avoir les informations nécessaires avant de partir. Il nous fallait aussi trouver des sponsors. Ce n'était pas facile, mais nous avons eu des soutiens extraordinaires. La plateforme Gi-Nova nous a été d'une grande aide. Nous avons aussi eu des réductions avec Le Vieux Campeur et Lafuma nous a également proposé du matériel. »
Et les acquis que vous avez pu développer lors de cette organisation?
Louis : « Comme je l'ai dit tout à l'heure, pour la conception de nos traineaux, nous avons pu compter sur le soutien de GI-Nova. Nous leur avons fourni le design de nos pulkas (traineaux d'expédition) que nous avons élaboré avec le logiciel Solidworks. Ils nous ont donné tout le matériel dont nous avions besoin. Nous avons pu faire le moule gratuitement et leurs conseils ont vraiment été utiles. Ensuite, on a dû le poncer. Tout cela représente des dizaines d'heures de travail. Nous avons terminé le montage des traineaux chez Pierre en mettant en place le système de traction, le vernis, les patins... »
Pierre : « Pour la gestion de projet, en plus de la recherche des sponsors, nous avons décidé de vendre des stylos pour financer le projet. Avec cette vente, nous avons pu avoir 1200€ de bénéfice. L'organisation alimentaire était délicate. Nous avons dû calculer les calories de tous nos aliments pour trois semaines. C'était fastidieux, tout était calculé à la calorie près. Nous avions aussi décidé de tout acheter en France. La vie est tellement chère en Norvège. Il fallait vraiment penser à tout. Le matériel de secours par exemple, un ami de mes parents nous a gentiment donné tout ce qu'il fallait dans un sac à dos.»
Pourquoi avez-vous décidé de concevoir vos propres traineaux ?
Pierre : « Cela nous a d'abord permis de travailler sur la conception. C'était très intéressant et enrichissant. »
Louis : « Mais aussi financièrement, c'était plus intéressant de les faire nous-même que d'en acheter. Cela nous a coûté à peu près 180€ par pulka, au lieu de 1200€ dans le commerce. »
Et l'expédition en elle-même ? Votre vécu sur place?
Louis : « La première semaine, il faisait trop chaud. Entre -5°C et 0°C. On avait même eu des températures positives. Du coup, la neige fondait et nos affaires étaient trempées. Heureusement, à partir de la deuxième semaine il faisait plus froid. C'est bizarre, mais le froid n'était pas un problème. On prend facilement l'habitude et l'adaptation est très rapide. J'avoue que nous étions aussi très bien équipés. Hormis le vent, la seule chose qui nous rappelait l'importance du froid, c'était le nombre de calories qu'on mangeait par jour. Nous sommes allés jusqu'à 5000 calories par jour et par personne ! »
Pierre : «Cette expédition était magnifique. Nous étions seuls, livrés à nous-même. C'est fou comment tout change lorsque l'on est là-bas, loin de tout. La notion de temps est complètement différente. On marche pendant 2 heures et on a l'impression d'avoir marché 20 minutes. Le fait d'avoir constamment du soleil était aussi impressionnant. Il ne faisait jamais nuit. »
Les difficultés rencontrées ?
Louis : « Techniquement, l'expédition n'était pas difficile. Nous étions sur du plat quasiment tout le temps. A l'arrivée, nous avons eu un petit souci avec la réglementation. Il est indispensable d'avoir avec soi un fusil pour se protéger des ours polaires. Nous nous sommes renseignés quelques mois avant de partir et la réglementation pour le port de fusil était très simple. Mais lorsque nous sommes arrivés, la réglementation avait changé et il nous fallait notre extrait de casier judiciaire vierge. Nous avons mis 2 jours avant de l'avoir, le temps de faire la demande en France... Nous avons donc dû attendre avant de commencer notre expédition. C'était indispensable même si nous n'avons pas croisé d'ours »
Pierre : «Un autre problème était mon petit accident. Je me suis coupé le doigt 2 jours après le début de l'excursion. Nous avons donc dû retourner en ville pour me faire soigner avant de repartir. »
Qu'est-ce que vous retenez de cette aventure ?
Louis : « C'est une expérience qui change beaucoup la vision qu'on a des choses. Je retiens l'ouverture qu'avaient les gens à notre égard. Nous avons eu beaucoup d'aides tout au long du projet. Cela prouve que lorsque nous sommes vraiment motivés par quelque chose, les gens nous aident et nous facilitent les démarches. »