Le concept de marchés « Bottom of the Pyramide » (Prahalad, 2010), repose sur l’hypothèse d’un pari gagnant-gagnant conjuguant la recherche de profit et d’innovation responsable des multinationales au potentiel de consommation et d’entrepreneuriat des pauvres des pays en développement. L’incertitude de ces marchés ouvre un champ d’innovation qui concerne non seulement la définition des produits, mais également le déploiement des filières, les circuits économiques ou encore les montages organisationnels et financiers.
Appuyé sur une équipe pluridisciplinaire associant des chercheurs de PACTE et de G-SCOP, ce programme de recherche vise à suivre ces processus innovants, à en identifier les effets tant sur le plan de l’évolution des économies locales que sur celui des potentiels de transformation des référentiels de conception. Il ouvre en particulier les questions suivantes :
La diffusion massive de multiples équipements électriques et électroniques (téléphones portables, kits solaires, solar home systems) auprès des populations pauvres des pays des Suds est porteuse d’enjeux majeurs (économiques, sociaux et environnementaux) au regard de la fin de vie des équipements de stockage mobile d’énergie auxquels ils sont associés.
Des batteries de différentes technologies (lithium Ion, nickel-hydrure métallique, plomb-acide) inondent les marchés et les conditions locales –souvent informelles- de leur re-manufacturing ou de leur recyclage sont précaires. Inscrit dans les approches d’ingénierie frugale, l’objectif de ce PEPS est de développer un travail collaboratif exploratoire entre chercheurs SPI et SHS pour concevoir, en partenariat avec des acteurs de terrain (R&D et ONG), une approche d’éco-design des batteries qui intègre et soutienne de manière durable les potentiels de re-manufacturing et de recyclage local.
En croisant connaissances ethnographiques et éco-technologiques, il s’agit d’élaborer la notion de « cycle de vie frugal » qui tienne compte des spécificités des pays en développement et permette d’enrichir le concept de « design for sustainability ».
2 ) Services d’applications mobiles pour soutenir l’économie informelle
La diffusion du mobile en Afrique a été extrêmement rapide au cours des dernières années, si bien que le taux de pénétration y atteint 63% en 2013. L’existence de cette infrastructure rend possible le déploiement de services visant à améliorer de nombreux secteurs de la vie sociale, en particulier les marchés de petits producteurs, à travers une meilleure circulation de l’information et une meilleure coordination des acteurs.
La construction de telles « technologies de marché » s’inscrit dans une perspective d’aide au développement, réunissant ONG, acteurs publics et privés, fondée sur l’amélioration des capacités des plus pauvres : des systèmes d’information sur les prix, ou des places de marché, doivent permettre d’accroître l’efficacité économique des producteurs pauvres sur les marchés locaux.
A partir d'une analyse ethnographique et comparative dans différents pays d'Afrique, la recherche s’intéresse à la façon dont ces technologies de marché se déploient et reconfigurent effectivement les marchés locaux. Il s’inscrit dans une perspective de sociologie et d’anthropologie économique, attentive à la façon dont s’agencent les dispositifs, dont ils enrôlent et équipent les acteurs, et redistribuent les capacités des acteurs.