Dans le contexte de mutation profonde de l’industrie,
la chaire " Transformation 4.0", résultat du partenariat étroit entre l'école Grenoble INP - Génie industriel et l’
UIMM de l’Ain, a pour mission depuis son lancement en 2017 d’accompagner les PME de l’Ain à intégrer des technologies 4.0 et à acquérir les compétences associées. Le 18 juin, la chaire a poursuivi son œuvre en invitant des industriels et des chercheurs à croiser leurs regards de spécialistes autour de l’industrie 4.0 et du numérique. La journée été ponctuée de présentations, de démonstrations et d’une table ronde.
Présentation du diagnostic 4.0 et démonstrations
La rencontre a débuté par un retour sur les actions menées par la chaire « Transformation 4.0 » auprès des entreprises de l’Ain. Fabien Mangione, enseignant-chercheur à Génie industriel et Emmanuelle Perret (UIMM de l’Ain, GI 2006), tous deux co-titulaires de la chaire, ont détaillé le diagnostic 4.0, un nouveau dispositif de la chaire mis à disposition des industriels de l’Ain pour accompagner leur transformation numérique.
Après plusieurs présentations portant sur le développement des technologies 4.0 dans différents secteurs, dix ateliers animés par des chercheurs et des industriels ont permis aux participants de mesurer la diversité des technologies et des pratiques et d’envisager, grâce aux liens créés, de futures collaborations.
Selon Fabien Mangione, « les ateliers ont été à la fois pédagogiques et opérationnellement pertinents. Les échanges ont été riches. Ils ont montré le dynamisme des sociétés présentes et leur volonté d'évoluer ».
Table ronde sur l’industrie du futur et la gestion des compétences
En fin de journée, les sept invités de la table ronde, animée par Emmanuelle Perret, ont présenté l'état d’avancement du 4.0 dans différents secteurs d’activité. Citons notamment les transports, l’énergie, ou encore l’agroalimentaire. Les intervenants étaient des industriels, des chercheurs et des enseignants de Grenoble INP - Génie industriel. Spécialistes de la question, ils ont échangé avec l’auditoire autour des enjeux et des applications de technologies et de pratiques 4.0. Les risques et les opportunités ont été débattus, la vision de la recherche alternant avec celle de l’usage des entreprises. La gestion des compétences en lien avec la transformation a été au cœur du débat.
Pour Fabien Mangione, « malgré des secteurs industriels vraiment différents les problématiques se rejoignent ». Après avoir fait état des changements profonds de l’agroalimentaire, Bernard Ruffieux, enseignant-chercheur à Génie industriel et au Laboratoire Gael, et chargé de mission au ministère de l’agriculture, a affirmé que l’articulation entre ce secteur et les autres secteurs d’activité est possible : « les évolutions situées à l’aval de la seconde transformation et de la grande distribution ont des points communs avec toute la consommation de masse : la personnalisation des produits, la logique d'abonnement pour offrir des produits de regroupement et la logique de service (livraison à domicile, conseils en ligne, etc.). »
La transformation 4.0 est au cœur des préoccupations des industriels. Parce qu’elle induit un déplacement des compétences et des rôles (tous secteurs d’activités confondus), l’école doit selon Fabien Mangione « continuer à être active sur ces réseaux »
Le prochain rendez-vous de la chaire avec les industriels de l’Ain est prévu en septembre 2019. Il portera sur la thématique de l’énergie.
Contacts
Fabien Mangione, Enseignant-chercheur Grenoble INP - Génie industriel et G-SCOP, Co-titulaire de la Chaire "Transformation 4.0"
Emmanuelle Perret (GI 2006), UIMM de l'Ain, Co-titulaire de la Chaire "Transformation 4.0"
Pour en savoir plus sur le diagnostic 4.0 et sur les études dont il est issu
Le diagnostic 4.0 conçu par la chaire permet tout d’abord d’évaluer si une entreprise réunit les conditions nécessaires pour une transformation numérique ; il mesure ensuite l'état d'avancement de cette transformation dans l’entreprise. A partir de cette évaluation en deux temps, le chemin de transformation est défini. Plusieurs études sont à l’origine du diagnostic 4.0. Nous en citerons deux : l’étude BIFOCAlps réalisée notamment par Grenoble INP et la réflexion appelée « transformation », menée par Grenoble INP - Génie industriel.
L’étude BIFOCAlps (Boosting innovation in factory of the future Value Chain in the Alps) a notamment servi de base pour la première phase de l’évaluation de la Chaire, en particulier pour déterminer les questions posées lors du diagnostic. Menée entre novembre 2016 et octobre 2018 par 11 partenaires européens dont Grenoble INP, auprès de 97 PME tous secteurs confondus situées dans cinq pays de l’espace alpin (la France, l’Autriche, l’Allemagne, la Slovénie et l’Italie), cette étude a déterminé les clés de succès de la transformation numérique : l’élaboration d’une stratégie, le choix des technologies à implémenter basé sur les besoins de l’entreprise, la capacité d’innovation et l’implication dans des écosystèmes pour supporter l’innovation et enfin les compétences et la gestion du changement. Selon Valérie Rocchi, chef de projet Industrie du futur à Grenoble INP et au laboratoire G-SCOP, pilote de l'étude pour Grenoble INP, « BIFOCAlps montre clairement que la transformation numérique ne tient pas seulement à l’implémentation de nouvelles technologies numériques mais nécessite également de nouvelles organisations industrielles et de travail. Innovations technologiques et innovations organisationnelles sont ainsi étroitement liées ».
La phase 2 du diagnostic est principalement issue de la réflexion de fond, appelée « Transformation » menée jusqu’en janvier 2019 par un groupe de travail pluridisciplinaire de Grenoble INP - Génie industriel. L’objectif de la démarche était de positionner l’école par rapport à l’Industrie du futur pour préparer au mieux les élèves à l’industrie de demain.
Le groupe de travail a tout d’abord recensé les technologies et les pratiques du 4.0. Afin d’évaluer leur niveau d’impact dans la transformation, un référentiel a été conçu pour mesurer leur degré de déploiement autour de quatre axes : le business model, l’offre de produits et de services, la chaîne de valeur et l’Homme dans l’entreprise.
Afin de croiser les connaissances et les pratiques, cette réflexion, qui était initialement centrée sur la formation, a été élargie à la recherche et à l’industrie. Elle a été utilisée par la chaire dans le cadre de son accompagnement auprès des entreprises de l’Ain.